Édition du lundi 18 octobre 2010
Le rapport de la commission présidée par Jacques Attali «insiste particulièrement sur l'effort de maîtrise de la dépense locale» et préconise 12,59 milliards d'économie sur trois ans
Le 15 octobre 2010, Jacques Attali, président de la Commission pour la libération de la croissance française, a remis au Président de la République le deuxième rapport de la Commission intitulé "Une ambition pour 10 ans" (1).
Fruit d'un travail commun entre 42 personnalités venant d'horizons et d'opinions politiques différentes, ce rapport «identifie deux urgences: le désendettement et l'emploi». Sur chacun de ces thèmes, le rapport formule des propositions précises.
«Sur le désendettement, le rapport souligne que la réduction des déficits doit se faire par des économies de dépenses et la réduction de certaines niches fiscales et sociales à l'exclusion de toute hausse générale des impôts». Il met en avant la responsabilité de l'ensemble des acteurs de la dépense publique et il «insiste particulièrement sur l'effort de maîtrise de la dépense locale et sur la nécessité de préserver, par des mesures structurelles, le modèle social français face aux défis du vieillissement de la population». Ainsi, pour réussir lajustement, il est nécessaire dappliquer, pendant trois ans au plus, certaines mesures exceptionnelles sur les salaires des fonctionnaires et sur une partie des prestations sociales.
Parmi ces mesures exceptionnelles, «figurent:
«- le gel du point dindice des salaires des fonctionnaires, qui permet de dégager plus de 4 milliards deuros en trois ans (pour les trois fonctions publiques);
«- la poursuite de la politique de non remplacement dun fonctionnaire sur deux partant à la retraite pour lEtat et son extension à lensemble des administrations publiques (collectivités locales et sécurité sociale)».
Le deuxième axe de retour à léquilibre concerne la maîtrise des dépenses de chacun des acteurs publics: Etat, collectivités locales, Sécurité sociale pour économiser près de 40 milliards deuros en trois ans. Constatant quaujourdhui, les dépenses de lEtat ne représentent que 35% de la dépense publique, lessentiel étant désormais constitué de la dépense sociale (45%) et locale (20%), la Commission «estime quil est indispensable de faire porter durablement leffort sur lensemble des dépenses des administrations publiques» et elle «recommande une baisse de 1% des concours financiers de lEtat en valeur», ce qui procurerait une économie potentielle de 6,4 milliards deuros en trois ans. Cette baisse doit «être accompagnée de mécanismes de péréquation au profit des collectivités les plus pauvres».
Elle préconise aussi la conclusion dun «pacte» avec les collectivités locales qui comporterait «notamment la mise en place dune règle de non-remplacement de fonctionnaires territoriaux partant en retraite, à linstar de lEtat; une réduction des dépenses de fonctionnement des administrations locales; la maîtrise des dépenses dintervention des collectivités locales, notamment les prestations sociales et facultatives des départements et les subventions des régions, communes, et de leurs groupements». Lensemble des économies pourrait sélever à 10 milliards deuros en trois ans, précise le document. Citant comme exemple «le domaine de la rénovation urbaine, les zones «ANRU» sont trop réduites et ciblées sur les quartiers les plus difficiles rendant nécessaire un recours massif aux subventions», le rapport plaide pour des mesures permettant à linvestissement privé de «relayer laction publique».
Après avoir noté que «60% des 316 recommandations du premier rapport de la commission ont été partiellement ou totalement mises en uvre», la commission indique que «le projet de loi sur la réforme des collectivités territoriales en cours de discussion au Parlement apparaît en retrait par rapport aux ambitions portées par la commission: créant un nouveau niveau dintercommunalité (les "métropoles"), son impact risque dêtre doublement limité par le principe du volontariat des collectivités et par labsence dincitation financière particulière au regroupement et à la mutualisation». «Si la réforme de lorganisation territoriale de lEtat consacre la région comme le niveau de droit commun du pilotage des politiques publiques territoriales, la suppression des doublons et les éventuels transferts de compétences entre Etat et collectivités locales nont pas été abordés», est-il précisé.
(1) "Une ambition pour dix ans: une mobilisation générale pour libérer la croissance et donner un avenir aux générations futures".
Pour accéder au rapport, utiliser le lien ci-dessous.
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